Marie Cosnay
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(Publius Ovidius Naso) Ovide
Les Métamorphoses
Traduit par Marie Cosnay
Editions de l’Ogre
ISBN : 979-10-93606-99-6
Marie Cosnay
Aquerò
Parution : Mars 2017
Editions de l’Ogre
ISBN : 979-10-93606-56-9
Marie Cosnay vit à Bayonne dans le Pays basque. Elle est professeure de lettres classiques, traductrice de textes antiques et écrivaine. Elle a publié des textes dans de nombreuses revues et des romans aux éditions Cheyne, Verdier, Laurence Teper, Quidam, L’Ogre. Elle a récemment publié Sanza Lettere (L’Attente, 2015), Cordelia la Guerre (L’Ogre, 2015),Vie de HB (Editions Nous, 2016) et Aquero (L’Ogre, 2017).
Elle tient un blog sur le site d’information Mediapart qui témoigne de son engagement politique et de son expérience scolaire.
Marie Cosnay est en compagnonnage à La Petite Escalère depuis mars 2017 afin de mener à bien Du lieu au lien, un projet initié par La Petite Escalère en partenariat avec l’association bayonnaise Atherbea. Du lieu au lien entend donner à de jeunes adultes en insertion sociale et/ou, pour certains, en demande d’asile, le temps, l’espace et les outils pour donner sens à leur histoire, retrouver une respiration et imaginer un avenir à travers les mots et la création artistique dans l’espace de La Petite Escalère. Dans le cadre de ce projet, La Petite Escalère a également commandé un texte à Marie Cosnay.
Aujourd’hui, c’est Camille qui est entrée au jardin.
Les pommes d’or des Hespérides, de main en main elles sont passées.
On les envoyait, les rattrapait.
Puis Camille a proposé les tableaux vivants.
Devant la mosaïque de Fernand Léger.
Une femme tenait sur son bras un oiseau.
Un homme s’accrochait à un radeau, une planche, un radeau.
Le petit banc devant la grande mosaïque dans le jardin, nous pouvions nous y asseoir dessus pour observer, voir venir. Nous avons fait autre chose.
Nous avons besoin de l’air qui vous effraie, disait Philippe.
Raphaël disait, il n’y a pas si longtemps, parlant de l’expérience d’hospitalité basque, à Baigorri : il me semble que les piétés se sont rencontrées.
Des piétés se sont rencontrées.
Pour moi, l’imprévu, c’est ça : rencontrer la piété sous mes pas.
Aujourd’hui, au jardin, Christian a dit : pas de relation spirituelle sans pratique. Je ne mange pas et ne bois pas pour être en relation avec mes camarades, mes frères et à travers mes frères, à l’esprit.
Le petit banc nous nous y sommes installés, à califourchon. Il est devenu une pirogue. Nos corps, ces pirogues. On ramait. Il y avait le bruit des rames, le choc de l’eau, les oiseaux criards, il y avait le souffle de chacun et déjà l’un de nous se fatiguait. Un autre a donné l’alerte. La pirogue prenait l’eau. On a rempli des seaux d’un côté du banc, on les a versés de l’autre, en rythme, ensemble, sur la voix de l’un des nôtres qui psalmodiait un drôle de poème : il y a de l’eau, il y a de l’eau. On a vu s’affaiblir l’un des nôtres. On l’a enlacé. On l’a soutenu. On n’a pas chaviré. Pas tout de suite. On a appelé à l’aide, bouches grande ouvertes. Bras tendus, immobiles, vers la côte et les garde-côtes, vers les jardins et les pommes et les frères, les Hercule, les occidents, les couchants, les Hespérides, vers quiconque n’a pas peur de l’imprévu mais y retrouve ses esprits.