Rachel Labastie à La Petite Escalère
Dans le cadre de ses rendez-vous annuels pour la création contemporaine, l’association des Amis de La Petite Escalère a invité Rachel Labastie à intervenir dans le jardin. La sculptrice proposera deux œuvres spécifiquement imaginées pour le lieu : une intervention éphémère in situ en terre crue et une sculpture en marbre Marquina noir, Vénus (2019). A propos de ces deux œuvres, l’artiste explique :
« Avec cette sculpture réalisée dans une terre crue qui ne sèche pas, j’ai voulu réactiver toute la beauté d’un bois flotté, emporté par les courants jusqu’à la Barre à Anglet. Cette branche imposante, qui a dû autrefois porter feuilles, rameaux et fruits, ce radeau de fortune, je l’ai enveloppée d’une boue rouge, active afin de lui redonner force et vitalité.
La branche, c’est un membre du corps, le bras, la main, les artères… La branche, c’est aussi l’appartenance, la généalogie, la famille et la mémoire.Venus, c’est l’amorce d’un corps de femme hissée sur la pointe des pieds, naissant d’une flaque de pierre. J’ai travaillé avec un marbre noir de Bilbao, habituellement réservé à l’architecture, dont j’ai cherché à utiliser les multiples caractéristiques. J’ai joué avec les différents états de surface de la pierre : brut — comme ce corps inachevé, incomplet, laissé à l’imagination du regardeur, satinée ou brillante — comme l’eau qui reflète les jambes mais aussi le jardin à l’entour. Alors que la matérialité du marbre tire la déesse vers la terre, sa posture évoque la légèreté, le désir de s’envoler, d’échapper à sa condition terrestre. Placée à La Petite Escalère à proximité de La danse de Bourdelle et de son imposant Grand Adam, la Vénus noire dialogue ou confronte sa condition avec la leur. «
Sculpture Nature a suivi Rachel Labastie pendant la création et l’installation de Venus (2019) pour La Petite Escalère :
Manipulant les paradoxes, jouant sur l’ambiguïté de formes à la fois séduisantes et dérangeantes, Rachel Labastie pose un regard critique sur les modes d’aliénation physique et mentale produits par une société toujours plus encline à contrôler les corps et les esprits. Dans un permanent jeu de forces contraires, elle nous invite à voir au-delà de l’apparence des choses. Son rapport à la matière est à la fois intime et puissant, conceptuel et physique, contemporain et ancré dans les pratiques séculaires de la terre crue et cuite.
Rachel Labastie poursuit depuis 2008 une série d’expositions personnelles « De l’apparence des choses ». Elle participe également à des expositions collectives : en 2018, A Journey to Freedom à TMAG (Tasmanie, Australie). En 2015, Ceramix – Ceramic art from Gauguin to Schütte au Bonnefantenmuseum (Maastricht, Pays bas) puis en 2016 à La maison rouge (Paris) ; en 2015, On Fire. Arts et symboles du Feu au musée Kéramis (La Louvière, Belgique) ; en 2013, La révolte et l’ennui, FRAC Auvergne ; en 2011, Céramiques d’artistes depuis Picasso, Espace Doual’art (Douala, Cameroun) et en 2010, Circuit céramique, Musée des Arts Décoratifs de la ville de Paris.
A l’occasion du vernissage des œuvres de Rachel Labastie dans le jardin, La Petite Escalère a invité l’artiste à s’entretenir avec la conservatrice du patrimoine Marie-Laure Bernadac autour de son travail. Ecouter leur échange ici :